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La Présidente de l’UPA66 revient sur les protestations autour du RSI


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Soucieuse de clarifier les choses sur la position de l'UPA quant au RSI, la Présidente Catherine LAIR répond sans tabou aux questions qui se posent sur la gestion du RSI.

Catherine, on note une grande inquiétude de la part d’artisans quant au fonctionnement du RSI.

Catherine LAIR : Nous partageons le constat que de nombreux chefs d’entreprise, travailleurs indépendants, sont encore victimes de dysfonctionnements du RSI qui parfois mettent en péril l’entreprise elle-même. Les pouvoirs publics portent une lourde responsabilité dans ces dysfonctionnements car la décision de créer le RSI s’est accompagnée d’une mauvaise évaluation des outils informatiques nécessaires et d’une réduction des moyens notamment humains. L’UPA n’a pas manqué de dénoncer cette situation depuis l’origine. Ainsi, les représentants de l’UPA comprennent parfaitement et partagent le mécontentement de certains des ressortissants du RSI. Nous avions eu l’occasion de le faire savoir au Président et au directeur du RSI lors d’une rencontre organisée l’an dernier à Perpignan.

On sait que certains ont pris la décision de ne plus payer leurs cotisations, et sur internet on lit tout et n’importe quoi à ce sujet, que pouvez-vous nous en dire précisément ?

A l’UPA, on considère que la contestation ne doit pas prendre des formes illégales (tel qu’un appel à ne plus payer ses cotisations) car au bout du compte le sort des travailleurs indépendants contestataires risque d’être pire encore, soit parce qu’ils subiront des pénalités qui aggraveront leur situation, soit parce qu’ils se retrouveront à terme sans protection sociale, en pleine précarité. Sans compter que le gel de cotisation des uns pourrait se traduire par de moindres prestations pour la grande majorité des autres. On sait trop bien comment les choses se passent dans ces cas-là : au démarrage tout le monde est d’accord pour faire la grève des cotisations mais quand il faut y aller, la plupart fait marche arrière et ceux qui s’entêtent se retrouvent minoritaires et très exposés, ce n’est jamais la bonne méthode. Je pense avoir fait mes preuves comme syndicaliste, et selon moi il faut savoir faire preuve de responsabilité pour être vraiment efficace.

Mais puisqu’elle siège au RSI, est-ce que l’UPA n’a pas sa part de responsabilité dans ces dysfonctionnements ?

J’ai aussi lu que nous étions « dans la magouille »… On va donc être très clairs : l’UPA 66 ne touche pas un centime du RSI. Je suis une Présidente bénévole, je ne reçois pas un centime du RSI. Nos représentants au RSI touchent une indemnité qui compense en partie la perte d’exploitation car quand ils sont à Montpellier ils ne sont pas dans leur entreprise. Mais ça ne fait pas un salaire, loin de là ! Si les artisans n’étaient pas dans ces instances, toutes les décisions seraient prises par des fonctionnaires qui ne connaissent absolument pas notre quotidien. Alors oui, nous sommes présents au RSI mais les priorités que l’on défend ne sont pas toujours majoritaires.  Rappelons ainsi que sur la région, c’est un candidat septuagénaire, soutenu par le Medef et la fédération du bâtiment qui a été élu à la Présidence. L’UPA n’est malheureusement pas « aux manettes » mais ses représentants œuvrent notamment dans les commissions de recours amiable ou au travers de l’action sociale en faveur des artisans. Mais vous savez, le fond du problème c’est ce flou dans le rôle de l’URSSAF et celui du RSI, et c’est aussi un système informatique qui n’est pas du tout à la hauteur. Quand on sait qu’ils sont capables de se mobiliser pour des causes très éloignées de nos préoccupations, je considère que les pouvoirs publics n’ont pas été à la hauteur avec le RSI. C’est bien beau de faire des discours sur l’Artisanat, mais s’ils avaient un minimum de considération pour nous, ce chantier serait prioritaire. Là, d’une année sur l’autre on fait du toilettage mais on est loin du compte. Et au final ça donne du grain à moudre à des gens qui sont contre tout, qui ne se présentent à aucune élection et qui préconisent de mettre en place des solutions uniquement favorables aux plus forts. Ce n’est pas ma vision des choses.  

Concrètement, quels sont les points sur lesquels l’UPA est satisfaite ?

Les interventions de l’UPA ont permis ces dernières années de mettre fin aux dysfonctionnements les plus graves. En outre, le décalage entre les résultats de l’entreprise et le montant des cotisations devrait être réduit dans les prochains mois puisque les cotisations seront à l’avenir basées sur les résultats de l’année N-1 et non plus N-2. L’UPA a également obtenu des facilités (report de cotisation, étalement des règlements…) pour les chefs d’entreprises les plus en difficulté, et intervient régulièrement auprès des pouvoirs publics afin d’assouplir les dispositifs de recouvrement alors que la situation économique demeure très fragile. Enfin, il faut rappeler que  le mouvement des « sacrifiés » initié par l’UPA en 2013 et qui a recueilli un million de signataires de la pétition contre l’augmentation des prélèvements des entreprises, a abouti à la décision des pouvoirs publics de réduire d’un milliard le montant annuel des cotisations d’allocations familiales versées au RSI dès 2015. Une mesure insuffisante mais qui aura un impact « sonnant et trébuchant ». Enfin, je rappelle à tous que si vous avez des difficultés à entrer en contact avec le RSI, nous avons chez nous un agent qui fait la liaison et qui obtient des réponses et des solutions très rapidement. Cette semaine on a ainsi obtenu un échéancier pour un artisan en une demi-journée alors que son comptable tentait depuis des semaines d’avoir des réponses. C’est un travail de fourmi mais on le fait tous les jours. C’est sûr, c’est plus facile de dire qu’il faut tout casser et que ça ira mieux en cotisant en Angleterre. Mais je me refuse à utiliser la détresse des artisans pour leur faire gober n’importe quoi. C’est pourquoi j’estime qu’une attitude d’obstruction serait contre-productive et dangereuse. Notre responsabilité est au contraire de faire en sorte, par une vigilance et une exigence de tous les instants, que le Régime social des indépendants remplisse ses missions et qu’il apporte véritablement le service et le niveau de protection sociale attendus par les travailleurs indépendants.

Voilà pourquoi l’UPA ne s’associera pas à la manifestation du 12 janvier 2015. En revanche, l’UPA continuera son combat pour baisser les charges sociales, notamment à travers la suppression totale des cotisations d’allocations familiales, mais aussi en faisant en sorte que les bénéfices réinvestis dans l’entreprise ne soient plus assujettis à cotisations sociales.