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Occitanie: la Capeb et l'UPA prennent position


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L'UPA et la CAPEB ont réalisé cette note dans le cadre du recours contre le nom "Occitanie" de la nouvelle région.

 

L’Artisanat est le principal secteur d’activité du Pays Catalan avec 12 549 entreprises (40% d’évolution sur 10 ans) et 31 582 actifs dont 1 248 apprentis. La CAPEB défend les intérêts des entreprises du bâtiment et l’UPA représente l’ensemble du secteur artisanal (services, fabrication, alimentaire, bâtiment).

A l’occasion du changement de nom de la région nous avons noté un fort sentiment d’exaspération dans nos entreprises mais aussi chez nos clients. Nous avons donc souhaité nous mobiliser contre ce nouveau nom qui, du strict point de vue économique, sera un fort handicap pour notre secteur.

Nous avons pu mesurer un vrai mouvement d’approbation de nos adhérents lorsque nous avons décidé de changer le nom de nos organismes en y rajoutant la mention au Pays Catalan. Pour les artisans, pour leurs salariés mais aussi pour leurs clients, il est évident que défendre le nom « Pays Catalan », c’est défendre l’économie de proximité et ses milliers d’emplois locaux.

Nos entreprises artisanales sont grandes de leurs savoir-faire. Il n’y a qu’en Pays Catalan que les Bijoutiers réalisent des Grenats de Perpignan, que les Pâtissiers préparent des coques catalanes et des rousquilles, que les Ferronniers travaillent le fer selon les méthodes ancestrales catalanes, ou que l’on utilise les techniques de tissage des tissus catalans. Ces spécialités n’ont rien de folklorique. Elles sont génératrices d’emplois directs et indirects ainsi que d’une image de marque. Ce sont les traces de l’histoire, des hommes et des femmes et d’un terroir qu’on ne pourra pas diluer dans une autre identité.

C’est le travail des artisans qui a façonné le paysage local ; il a contribué à forger une certaine image du Pays Catalan. Les façades de Collioure ne sont pas celles d’Auch ; les techniques de construction, les peintures utilisées, l’architecture des bâtiments sont autant de témoignages du travail des artisans pour adapter la vie  aux contraintes du territoire. Quand un client nous passe une commande, c’est pour retrouver un peu de cette catalanité qu’il ne retrouvera pas dans un produit préfabriqué. Cette culture catalane n’aura jamais l’accent occitan. 

L’Artisanat c’est aussi la transmission et nous ne pouvons accepter un nom pour notre région qui revient à rayer d’un trait de plume le travail de ces hommes et femmes au cours des siècles.

Il en va d’une identité, mais la question économique n’est jamais bien loin.

En effet, comment peut-on développer un territoire à l’identité incohérente? Il ne s’agit pas là d’un repli sur soi, au contraire : pour aller vers les autres comme pour les attirer sur notre territoire, nous devons leur proposer une vision claire de notre identité, de notre art de vivre, de notre histoire. Or le nom retenu se situe sur le terrain d’une autre identité et créé donc nécessairement une discordance. Et la première règle du marketing c’est d’offrir une communication claire et cohérente aux clients : quand un client ne comprend pas l’histoire qu’on lui raconte, il achète ailleurs. Comment être clair et cohérent si l’on doit demain vendre des Grenats de Perpignan occitans?

Tout cela accentue le sentiment d’exclusion dans nos entreprises qui ont parfois l’impression de vivre dans le treizième département de la région. Une région qui a fusionné à marche forcée, où les nouveaux organismes régionaux créés sont pilotés par des représentants de l’ancienne région Midi-Pyrénées, où les décisions sont imposées aux représentants de l’ancienne région Languedoc-Roussillon (avec 8 départements sur 13 l’ancienne Midi-Pyrénées a la majorité dans la plupart des organismes). Et pour finir, une région qui par son seul nom affirme une volonté d’exclure là où le projet économique se doit d’être rassembleur et cohérent.

Notre propos est donc loin d’être un discours identitaire. Si l’on se situe sur le seul terrain du développement économique il est évident que pour tous ceux qui font du sur-mesure, de l’unique, du local, du non délocalisable et qui à ce titre sont les plus gros employeurs de main d’œuvre du département, nous ne saurons pas vendre l’Occitanie et nous sommes à présent bien handicapés pour vendre le Pays Catalan. Tout cela contribuera un peu plus à fragiliser un territoire qui n’en avait pas besoin.

 

A Perpignan, le 31 octobre 2016

Robert MASSUET                                                                                                          Robert BASSOLS             

Président CAPEB Pays Catalan                                                                          Président UPA Pays Catalan