Vous êtes ici

Actualités

Point de vue: Baisse de l’apprentissage; en finir avec une certaine hypocrisie


Imprimer Envoyer par mail Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+

La presse et les politiques ont quelques totems autour desquels il est de bon ton de lancer des incantations en espérant des résultats. Parmi ces Totems, l’apprentissage figure en bonne place. Un seul mot d’ordre : il faut relancer l’apprentissage. Si l’on voulait réellement avoir des effets sur cette filière, il faudrait commencer par analyser les multiples erreurs commises.

Reconnaissons tout d’abord que depuis une quinzaine d’années, l’apprentissage a été « revalorisé » : certains secteurs comme le bâtiment ont su attirer les jeunes, et prouver que l’on peut faire une belle carrière en suivant cette voie. Mais malgré tout, on assiste à un mouvement de baisse des effectifs notamment du fait de la crise qui touche les TPE et PME depuis 2008. En 2013, année noire pour l’apprentissage, le nombre d’apprentis a ainsi chuté de 8%. Les chiffres pour 2014 viennent de tomber, avec une nouvelle baisse de 3.2%.

Voir plus loin que les affiches

Communiquer auprès des jeunes et des entreprises à grand renfort de publicité : c’est bien, mais cela ne suffit pas.

Il faut aussi aider financièrement les entreprises. Ça semble évident, mais il aura fallu que le gouvernement supprime une partie des aides en 2013 pour qu’il se rende compte que finalement ce sont les entreprises qui embauchent et que c’est elles qu’il faut aider.  Donc ordre, contre ordre, désordre : on remet les aides !

Mais au-delà de la question financière, certains évoquent aussi le décalage entre les jeunes et les attentes des entrepreneurs. Ces derniers sont parfois « dégoutés » et refroidis après de mauvaises expériences. Il faudrait changer les mentalités, agir sur l’éducation. C’est une nécessité mais le chantier est bien plus complexe et reconnaissons que nous n’avons pas la main.

Pour enfoncer le clou, le Conseil d’Analyse Economique vient de rendre un rapport sévère sur la formation en alternance en France, et propose une remise à plat du système. L’avenir nous dira s’il s’agit d’un énième rapport mort-né, ou si les responsables politiques vont s’en servir pour passer à l’action. 

Retrouver de la souplesse

Pour agir efficacement, commençons par travailler sur un acteur essentiel : l’employeur, l’artisan, celui qui va faire le choix d’embaucher un apprenti et de le former à un métier malgré la crise et les difficultés.

Il faut aider réellement les entreprises.

Il n’est pas normal qu’un apprenti dans le bâtiment ou l’agriculture ne puisse pas travailler en hauteur ; il n’est pas normal d’avoir à demander  des dérogations pour utiliser une machine dans l’atelier. Un contrat d’apprentissage est également très difficile à rompre en cas de mésentente ou litige ; l’assouplissement des règles est vital. Il faudra bien un jour se poser la question du nombre d’emplois détruits par ces excès bureaucratiques.  

Ainsi, à force de trop vouloir sécuriser et verrouiller le système, il y a un essoufflement et un ras le bol. Il faut arrêter les beaux discours, soutenir les entreprises et prendre des mesures de réelles simplifications. Sans ça, nos jeunes n’auront d’autre perspective que le guichet pôle emploi, et nos entreprises ne se transmettront plus.

 

Richard GENESCA