Vous êtes ici

Actualités

Clause Molière : bienvenue chez les tartuffes !


Imprimer Envoyer par mail Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+

Nous vivons dans un beau pays. La France est le pays du luxe, c’est pourquoi quand un ami veut vous être agréable, il peut facilement trouver un tailleur qui vous fera un costume parfaitement ajusté à votre silhouette. Mais la France est aussi le pays de la culture, du théâtre, du cinéma, de la littérature. Ainsi, certains conseils régionaux ont eu l’idée de rendre obligatoire l’emploi du français sur les chantiers. Pour enrober ça, on a baptisé cette clause du nom du sieur Poquelin, ça a de la gueule : « clause Molière ».

Depuis, comme trop souvent, le débat tourne au grotesque.

Avec d’un côté des députés qui expliquent qu’il n’est pas utile de parler français pour mener à bien un chantier et que la cohabitation entre plusieurs langues ne pose aucun problème.

Alors tenons le raisonnement jusqu’au bout : lançons un appel d’offre pour recruter quelques députés lituaniens ou polonais et faisons les marner jour et nuit pour un smic amélioré et un logement de fonction Algeco. Après tout, si une loi est mal construite on prendra toujours moins de risque qu’avec un immeuble ! A n’en pas douter, nos députés n’y verront pas une concurrence déloyale, mais une chance donnée à tous de profiter d’un monde ouvert. Le contribuable fera quelques économies, les tailleurs de costume y perdront certainement et pour nous cela ne changera pas grand chose puisque nous ne comprenons déjà pas la langue de bois parlée par les élus français et que, à nous faire prendre pour des cons, autant que ce soit dans une langue étrangère...

 De l’autre côté, il y a une idéologie qu’on ne peut accepter avec un discours laissant penser que seuls les français savent travailler. Ce n’est évidemment pas non plus notre propos.

De tous temps, l’Artisanat en général, et le bâtiment en particulier, a été ouvert aux bonnes volontés d’où qu’elles viennent : italiens, portugais, maghrébins, espagnols etc. Il ne s’agit bien entendu pas de revenir là-dessus. En revanche, ce n’est pas en détournant le regard que nous trouverons les solutions aux problèmes qui se posent véritablement aujourd’hui. Avec des chantiers où se promènent des interprètes, avec des normes tellement contraignantes qu’on a déjà du mal à les comprendre dans la langue de Molière ; on s’imagine assez difficilement comment elles sont traduites simultanément aux bulgares, polonais et roumains qui interviennent sur un même chantier. Avec surtout un coût du travail qui varie du simple au triple entre les pays européens, rendant illusoire toute concurrence pure et parfaite. On peut tourner la chose dans tous les sens, en appeler à Molière ou à qui on voudra, sans harmonisation sociale et fiscale en Europe, le dumping continuera et notre taux de chômage n’ira pas en s’améliorant. Et si M. GATTAZ est contre cette clause, c'est parce que les salaires des interprètes ajoutés à ceux de ces pauvres esclaves des temps modernes reviendront toujours moins cher aux grandes entreprises que d'employer des personnes selon la législation française. A qui profite la situation actuelle ? Sûrement pas à l'Artisanat !

Robert MASSUET,

Président UPA/CAPEB