artisanalement vôtre : les artisans catalans tournés vers l'avenir
Jeudi dernier, plus de 200 artisans se sont rassemblés sur le site de l’IAE (Université de Perpignan) pour échanger sur leurs métiers et l’avenir du secteur. Dès 17h30 chaque profession (maçons, plombiers, électriciens, taxis, coiffeurs, bijoutiers, boulangers …) a ainsi pu aborder, par ateliers, les problématiques spécifiques à chaque métier. A 18h30 commençait la conférence où le journaliste Jean-Paul Pelras faisait un parallèle entre l’évolution de l’Agriculture et l’Artisanat. En toile de fond une question : est-ce que, comme l’Agriculture, l’Artisanat perdra sa place de première
entreprise du département dans les années à venir ?
Selon Jean-Paul Pelras, l’Artisanat fait face aux mêmes menaces que l’Agriculture : ouverture des frontières, distorsion du coût de la main d’œuvre, hégémonie de la grande distribution, environnementalistes zélés, normes et contraintes administratives galopantes… Toutes ces choses « qui dégoutent ceux qui ont encore la force d’aller travailler chaque jour pour indemniser ceux que l’on aide à ne pas se lever le matin ». Des échanges qui ont suivi cette intervention très applaudie, on retiendra des pistes pour les artisans : mutualiser le gros matériel ou encore les salariés sur certaines fonctions. L’occasion pour Catherine LAIR d’indiquer que l’UPA lançait un groupement d’employeurs qui permettra au maçon et au garagiste d’un même secteur d’embaucher la même secrétaire par exemple, sans se préoccuper des formalités administratives puisque c’est le groupement qui est l’employeur.
Sans les artisans : 32 000 chômeurs de plus dans les PO !
Robert MASSUET, Président de la CAPEB a ensuite pris la parole pour revenir sur les multiples actions menées pour défendre l’Artisanat du Pays Catalan (blocage de la frontière, murs au domicile des députés…), le tout appuyé par le clip « artisanalement vôtre ».
Enfin, Robert BASSOLS, Président de l’UPA et tête de liste de l’UPA PAYS CATALAN aux élections de la Chambre de Métiers proposait sa vision de l’Artisanat et des grands enjeux d’avenir. Avec un propos introductif qui rappelait l’implication de l’UPA face aux pouvoirs publics : « il y a quelques mois, avec mon ami Robert Massuet, nous avons balancé un pavé dans la mare quand le gouvernement a imaginé faire sauter l’obligation de qualification pour certains métiers du bâtiment ou encore les coiffeurs. L’UPA a lancé une mobilisation importante. Nous avons envoyé des caisses à outils aux ministres en leur disant de s’installer comme artisans, et le gouvernement a fait immédiatement marche arrière… Peut-être qu’ils ont eu peur du travail ! »
Après cette première sortie il était temps de rappeler le poids des TPE dans le département : « 85 % des entreprises ont moins de 10 salariés, et 97 % moins de 20 salariés. Les choses sont très claires : l’économie de ce département c’est nous ! Sans les entreprises artisanales, nous compterions 32 000 chômeurs en plus… Ils sont pourtant encore nombreux à préférer se faire photographier à chaque inauguration d’un nouvel hard discount qui créera 30 emplois précaires et enverra des bénéfices à ses sièges sociaux loin du département. En détruisant au passage toute l’économie de proximité de la zone. Il y a des jours où je préfère penser qu’ils sont corrompus, ça m’évite de les croire idiots. On se rassure comme on peut ! »
Mais ce rassemblement avait vocation à se projeter dans l’avenir, toujours selon Robert BASSOLS : « nous avons résisté à cette crise ; elle n’est pas finie, et va transformer notre économie en profondeur mais je suis persuadé qu’un avenir existe pour les artisans. Les grands groupes voudraient nous transformer en tâcherons. Si nous nous divisons, si nous nous affaiblissons, si nous leur laissons les clés du camion, demain nous serons tous des sous salariés de ces groupes ».
À nous d’inventer l’artisanat de demain !
Il ne faut surtout pas oublier les points forts de l’Artisanat : « Dans les grandes périodes de changement, on voit les valeurs esthétiques revenir au premier plan. Nous savons faire du sur-mesure, nous privilégions la qualité et nous avons tous dans nos métiers le souci de l’esthétique. C’est exactement ce qu’attend une certaine clientèle. Alors oui, nous avons perdu la clientèle low cost, et il ne faut plus s’épuiser à courir après elle. Ceux qui raisonnent par le prix trouveront toujours quelqu’un qui vend moins cher. Nous ne sommes pas outillés pour mener cette bataille. En revanche nous devons gagner la lutte pour l’excellence. Et sur ce sujet nous devons tous accepter la remise en question : réduire les délais pour rendre un devis, améliorer la visibilité de nos entreprises, revoir nos procédés d’interventions… Partout nous devons poser un regard neuf et apporter les correctifs nécessaires comme si nous devenions les repreneurs de nos propres entreprises. »
En conclusion il fut bien entendu question des élections à la Chambre de Métiers : « voter pour nous, c’est voter pour vous. Plus que jamais nous devons être unis pour que l’artisanat conserve sa place dans ce département. Vous pouvez compter sur ma détermination et celle de mes collègues : ensemble, nous travaillerons encore pour que l’Artisanat conserve ses lettres de noblesse. Soyons UPA, soyons Unis Pour l’Artisanat ! ». Une soirée utile à tous, entre convivialité, questions techniques et perspectives d’avenir… De bien vastes sujets à creuser pour que l’Artisanat reste la première entreprise du département.
Article paru dans l'Agri : je clique ici !
Quelques photos des ateliers animés par professionnels et fournisseurs :