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Mai 2018 : sous l’épave est la plage


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Revoilà le doux mois de mai avec les premiers beaux jours et le cortège de jours fériés. Ce mois de mai 2018 est assez particulier puisqu’il nous permet de célébrer les 50 ans du fameux épisode de mai 68. Instant tout aussi abusivement glorifié qu’honni, mais marqueur très clair d’un changement d’époque et des aspirations de la jeunesse, où la statue du Général s’effaçait sous la lumière rouge intense de Dany.

 

Cinquante ans plus tard nous voici donc au moment où certains rêvent de faire revivre mai 68 en bloquant les transports, en manifestant, en occupant les facultés ou les nouvelles zones à défendre (ZAD). Mais les nouveaux manifestants se démarquent tout de même de leurs glorieux ainés puisqu’en 68 il fallait tout changer, or en 2018 on combat pour que rien ne change. Illustration des évolutions d’une  société jadis somnolente et à présent hystérisée.

 

Mai 68 a cinquante ans et mai 2018 nous offre ces étonnants moments où des jeunes ayant la vie devant eux sont frappés de ce que les portugais appellent la « saudade » : la nostalgie de ce qu’on n’a pas connu. Cet épisode nous interroge sur le futur de nos enfants. Que seront-ils devenus dans 50 ans ? Combien de compromissions ? Combien d’abandons d’idéaux dans les rangs de ces gamins en échange d’une place dans un parti politique ou dans un grand groupe industriel ? A voir les blocages levés durant les vacances scolaires, le temps selon ces jeunes étudiants de « reprendre des forces », on peut se dire que ces « résistants » ont même réussi à fonctionnariser la grève. Tour de force que leurs ainés n’avaient pas osé tenter. Un coup d’œil aux slogans permet également de mesurer que les revendications ont bien changé : « taffer pour 1200€ c’est insultant », ou encore « start up de ZAD urbaine » taggué sur les murs de Tolbiac. Si bien qu’on se demande au bout du compte si l’on célèbre mai 68 ou son épave ; et sous l’épave est la plage. Pas sûr que ça s’écrivait exactement comme ça en 68.

Robert Massuet

Président UPA66