Bonne année, quand même !
Est-ce parce que nous vieillissons ou parce que depuis 2020 quelque chose s’est cassé en chacun de nous, un dernier morceau d’insouciance ? Toujours est-il qu’il est devenu de plus en plus dur de se souhaiter une bonne année, et encore plus, d’y croire. On ne sait d’ailleurs plus très bien si on la souhaite, si on l’espère, si on prononce ces mots comme une prière, une vieille habitude, une façon d’éloigner le mauvais sort, des mots magiques, de marabout, un reste de politesse, de bonnes manières, un rite dont on commence à oublier le sens. Bonne année ! Pendant quelques heures, les embrassades, les cotillons, les postillons, et dès le lendemain, le virus qui plane, qui cannibalise toutes les discussions, toutes les attentions, revoilà la peur, les restrictions, les vaccins, les morts, les théories, les engueulades et le retour de chacun vers son étui où l’autre est plus que jamais un étranger. Bonne année ! Et la santé surtout !
Pourtant il faut continuer à vire, à espérer et à se battre. Les entreprises ont fait la preuve de leur formidable capacité d’adaptation, les clients ont plus que jamais des envies de consommer, on recrute, ou plutôt on essaie de trouver du personnel. Et on évite de trop penser au douloureux moment où il faudra rembourser le « quoi qu’il en coûte » … Mais surtout, bonne année ! Et un peu d’argent, ça fait pas de mal !
Et puis, 2022, année d’élection, l’année où, comme tous les cinq ans, on devient subitement beaux. Ils nous aiment tous, ils nous dragouillent, ils nous charment, ils nous promettent. Et nous, parce qu’au fond, on a tous besoin d’espérer pour tenir, on aura encore un peu envie d’y croire. On se trouvera pas si mal que ça, finalement, et on se laissera séduire un peu, pendant une nuit, ou pendant cent jours, le temps d’une croisière, avant de se savoir encore et toujours cocus. Mais bonne année ! Et de l’amour !
Alors oui, pour vous tous et vos familles on vous souhaite évidemment une bonne année 2022, avec la santé, l’argent, l’amour. Mais surtout, on vous souhaite de trouver dans votre travail, dans vos passions, dans l’amour de vos proches, de quoi vous extirper de ce triste monde pour vous épanouir à bonne distance, ni trop près pour ne pas en être dupe, ni trop loin pour ne pas en être exclu. Sincèrement, bonne année, quand même !
Robert Massuet,
Président UPA 66