Les artisans du bâtiment sont-ils les prochains à se faire ubériser?
Les plateformes en ligne s'attaquent aux travaux du bâtiment, autant sur le dépannage que sur la rénovation.
L'essor de ces intermédiaires d'un nouveau genre commence à faire du bruit dans le secteur. Le principe est simple et les fondamentaux des plateformes sont bien présents : le client paie par carte bancaire, la somme est conservée trente jours en attendant l’évaluation (ou la notation) du client. Celle-ci joue un rôle décisif pour le maintien d'un artisan dans le système. Une commission d'environ 20% est prélevée sur le prix de la prestation.
Ce schéma soulève des questions majeures pour l’avenir.
La première préoccupation reste la commission. Les sites assurent laisser aux professionnels la liberté de fixer des prix. Soit. Mais ces premières plates-formes vont-elles rester longtemps seules sur le marché ? Quand on sait que Le Bon Coin ou Amazon étudient leur arrivée sur ce créneau, leur force de frappe risque de changer la donne. La relation va devenir totalement déséquilibrée entre des multinationales et de petites entreprises: quelle sera la liberté tarifaire?
Autre sujet d'inquiétude : qui travaille sur ces plates-formes?
Les schémas traditionnels sont remis en cause par les consommateurs qui n'hésitent plus à se tourner vers de nouveaux acteurs, entre autre les particuliers qui peuvent proposer leurs services de petits travaux pour compléter leurs revenus.
Au-delà de ces deux questions sur la liberté tarifaire et la qualification, un autre tabou: la notation où le client note le prestataire, souvent bien plus sur la compétence que sur le diplôme. Et qui fait craindre des dérapages ou des commentaires malveillants.
Autre problématique, le droit de refuser.
L'artisan de la plate-forme peut-il refuser le travail afin de conserver sa clientèle? Que restera-t-il également du lien de confiance entre l'entreprise et son client quand un intermédiaire gère une partie de la prestation? Si on lui dicte le prix, les délais, le contenu de l’intervention, le chiffre d'affaires à réaliser, le travailleur est-il toujours indépendant?
Après l'hôtellerie et les taxis, le bâtiment semble bien être la nouvelle cible, avec pour corollaire des nouveaux standards de marché, de réactivité, de communication.
L’artisan va devoir s'adapter, une nouvelle fois et se positionner pour ne pas regarder passer le train. La notation exigée par le consommateur reste pour l’instant un vrai verrou qu'il faudra impérativement faire sauter afin d'accepter l’idée et le principe sous peine de voir s'échapper tous les travaux de dépannage et de petite rénovation de proximité qui restent le grand enjeux de ces plateformes... une vraie révolution.