Robert BASSOLS :"notre rôle n'est pas d'être sympathiques avec les politiques"
Quelques mois après avoir succédé à Catherine LAIR à la tête de l'UPA, Robert BASSOLS dresse un premier bilan de son action dans le journal l'Echo des Métiers et évoque les perspectives du secteur.
L’écho : Robert, 4 mois après avoir succédé à Catherine Lair à la présidence de l’UPA, quel bilan faites-vous de cette période ?
Robert Bassols : Ce n’est pas politiquement correct mais, contrairement à ce qu’on nous raconte, ça ne va pas mieux, surtout pour nos petites entreprises. Toute notre équipe de l’UPA a dû intervenir très vite pour que le gouvernement ne supprime pas l’obligation de qualification pour exercer nos métiers (coiffure, bâtiment etc). Notre lobbying a été efficace puisqu’il a fini par faire marche arrière, jusqu’à la prochaine fois.
L’écho : Vous êtes défaitiste ?
Robert Bassols : Ah non pas du tout, nous avons l’énergie pour aller au combat chaque fois qu’un artisan est attaqué. Mais je suis quand même fasciné par la « créativité » des hommes politiques, à croire qu’ils ne font jamais le bilan de leurs actions. L’auto entreprise devait soit disant régler le problème du chômage en France, résultat : on n’a jamais eu autant de chômeurs qu’en ce moment. Et au passage on a déstabilisé un secteur… Mais à aucun moment on ne s’arrête pour se remettre en question. Cette politique de la courte-vue est assez terrifiante, un peu comme quand un maire se gargarise d’avoir créé 50 emplois en ouvrant un centre commercial qui détruit 100 emplois dans le cœur du village…
L’écho : Il faut donc tourner le dos aux politiques ?
Robert Bassols :
Non, surtout pas, ce serait une grave erreur. On se doit d’être en contact permanent avec eux mais on ne doit jamais oublier que notre rôle n’est pas de leur être sympathique. Certains ont vite fait de se faire récupérer mais à l’UPA on a toujours su garder nos distances. Quand Robert Massuet et ses collègues de la CAPEB sont allé murer les députés et sénateurs, il y en a eu pour tout le monde, droite et gauche : Cresta, Bourquin, Siré, Calvet … Si on commence à être dans le copinage, on trahit ses adhérents. Et pire que tout, si on présente ses excuses aux politiques, là ça revient à rendre les artisans cocus et à leur demander de payer la chambre. Il faut respecter le mandat confié par les artisans qui nous donnent le droit de parler en leur nom.
L’écho : Vous pensez que l’Artisanat a un avenir dans ce pays ?
Robert Bassols : Bien sûr, mais on est à un moment charnière. L’Agriculture y est passé il y a quelques dizaines d’années, localement c’est un secteur qui a énormément reculé. C’est pour évoquer tout ça qu’on tient notre assemblée générale qu’on a intitulé « artisanalement vôtre » le 22 septembre. Tous les artisans sont invités. On fait venir Jean-Paul Pelras, ancien syndicaliste agricole qui est maintenant journaliste et avec qui on va aborder cette question de l’évolution de notre secteur et des pièges à éviter. Et juste avant on a souhaité que chaque profession se réunisse, donc on aura à 17h30 une réunion des maçons, une des boulangers, une des mécaniciens etc. On veut faire un beau rassemblement de l’Artisanat, dans le cadre de l’Université de Perpignan, à l’I.A.E. c'est en fait un clin d'œil à l'avenir de l'artisan. L'I.A.E. c'est la preuve que la culture et l'Artisanat ne font qu'un, que la première entreprise de France ne peut être forte que dans la diversité. Tant que nous arriverons à maintenir cela et à garder une unité entre artisans il y aura un avenir.