Après moi le déluge… ou la sécheresse !
On savait le chef de l’Etat très habile pour faire tomber la pluie ; les dernières orientations du gouvernement produiront majoritairement leurs effets après 2017 et pour certaines les vannes qui ont été ouvertes constituent un drôle de cadeau pour les successeurs, ou pour l’actuel Président s’il venait à remporter la prochaine présidentielle. Quelques illustrations de ce casse-tête typiquement français :
Encore un morceau de pacte de responsabilité
C’était une surprise pour tout le monde à commencer par les services de Bercy. Dans un entretien paru dans le journal « Les Echos » , le chef de l'Etat a annoncé que la dernière tranche du pacte de responsabilité prendrait la forme d'une hausse de CICE, au lieu d'une baisse du taux d'impôt sur les sociétés (IS) et d'une suppression de la C3S. Ainsi le coût budgétaire se fera sentir à partir de 2018. En 2017, la dernière tranche du pacte ne coûtera que 800 millions d'euros au lieu des 5 milliards prévus. Et voilà comment on peut « financer » les dépenses nouvelles annoncées depuis le début de l'année sur l'emploi et la sécurité.
Une lichette pour la fonction publique
La réforme de la grille des salaires dans la fonction publique va progressivement produire ses effets sur les finances publiques. Selon la Cour des comptes, son impact se situerait entre 4,5 et 5 milliards par an pour la totalité de la fonction publique à l'horizon 2020. Ajoutez à ça une revalorisation du point d'indice et vous avez une hausse en deux temps de 600 millions d'euros dès cette année, mais de 2,4 milliards par an à partir de l'année prochaine. Dans le même genre on passera sur la prime des professeurs des écoles, dont le coût passera de 57 millions cette année à 266 millions d'euros en 2017. C’est pour nous, c’est cadeau.
Un zeste d’aides aux entreprises
Puisque c’était à elles d’honorer la promesse d’inversion de la courbe du chômage du Président, il a bien fallu inventer des aides pour les entreprises. Une simple baisse des charges aurait été certainement une action trop simple. Ainsi, la prime à l'embauche, qui coûte 2 milliards sur 2016 et 2017, sera prolongée jusqu'à fin 2017. Comme la prime est versée chaque trimestre pendant les deux années qui suivent l'embauche, elle pèsera donc sur le budget de l'Etat jusqu'à fin 2019.
De même pour le suramortissement, qui permet à une entreprise de réduire son impôt sur les sociétés lors d'un investissement industriel. Son coût, de 400 millions d'euros par an, s'étale sur cinq ans. Ce coup de pouce a également été prolongé jusqu'à fin 2017.
CICE, revalorisation du point d’indice, prime à l’embauche… autant de mesure qui ne profiteront pas ou très peu aux entreprises artisanales et qui pourtant vont limiter les marges de manœuvres des prochaines années. Après la pluie on va surtout risquer la sécheresse.
Robert Bassols
Président UPA 66