L'interview de mars de Catherine LAIR
Rsi, élections départementales… La Présidente de l’UPA revient sur les principaux sujets qui ont agité l’Artisanat ces dernières semaines.
Catherine, lors de votre dernier entretien dans l’écho des métiers vous évoquiez les dysfonctionnements du RSI, depuis il y a eu une manifestation nationale contre le RSI, quelle est votre position face à ces mouvements ?
Je comprends très bien l’exaspération de la plupart des gens qui ont manifesté. Nous n’avons pas appelé à nous joindre à ces manifestations car il n’y avait pas un mot d’ordre unitaire ni un leader clairement identifié. Entre ceux qui se plaignaient, légitimement des dysfonctionnements, ceux qui appelaient à la grève des cotisations et ceux qui incitaient à cotiser en Angleterre… C’était vraiment un spectre trop large pour imaginer avoir des effets concrets. Ça s’est vérifié nationalement où tout un tas d’associations ont revendiqué la paternité du mouvement, ça ne fait pas très sérieux et ça n’incite pas les pouvoirs publics à prendre le problème à bras le corps.
Pour autant, est-ce que l’UPA66 a fait quelque chose pour relayer le message ?
Ecoutez, le 9 mars, pendant que certains manifestaient devant la Préfecture, j’ai passé la journée avec la Préfète et j’ai passé un long moment pour lui expliquer les difficultés rencontrées par nos artisans. En ces temps de crise ça me semble plus efficace de procéder comme cela, plutôt que de mettre des gens dans la rue. Inciter les gens à fermer leur entreprise pour défiler devant la Préfecture, on ne doit le faire que lorsqu’on a épuisé tous les autres moyens d’actions. La Préfète nous a toujours reçu, elle est à l’écoute de nos problèmes et fait remonter nos préoccupations. Nous avons, depuis très longtemps, amélioré nos relations avec le RSI grâce à notre référent RSI qui est un agent de l’UPA qui débloque tous les jours les situations de nos adhérents. D’un point de vue plus politique on doit à présent travailler sur l’assiette des cotisations. Il convient en particulier de ne plus assujettir à cotisations sociales les bénéfices réinvestis dans l’entreprise qui ont vocation à terme à créer de l’activité et de l’emploi.
On a entendu certains responsables de cette manifestation s’en prendre à l’UPA, une réaction ?
Ça montre le niveau… Voilà pourquoi je vous disais que ces rassemblements n’étaient pas très sérieux. Franchement, vous faites manifester des gens et vous trouvez, comme principal responsable, un groupe d’autres artisans ? Je veux bien tout entendre, mais si on est un peu honnête, la grande responsabilité elle est aux politiques. Là encore, quel manque d’intelligence que d’utiliser ce mouvement pour lancer une guéguerre ; ça donne vraiment l’impression d’une armée de Mexicains.
Cette semaine, dans l’Indépendant, vous alertiez les élus sur l’état de l’Artisanat
Avec Robert Massuet, Président de la CAPEB, nous voulions rappeler le poids économique de l’Artisanat : 31 000 actifs sur le département, c’est la première entreprise des PO. Pourtant, on doit voter ce week-end pour les départementales et on n’a pas l’impression d’être au cœur des propositions des candidats. Je regrette d’ailleurs qu’on n’ait pas réussi à s’organiser avec les autres syndicats patronaux car mon souhait était de faire venir chaque candidat devant l’ensemble des forces économiques : commerce, agriculture et artisanat, afin de les obliger à nos tenir à tous le même discours. Il faudra organiser ça pour les régionales vu que la région prend encore plus de compétences sur l’économie.
Dans cet article Robert Massuet déclarait : « dans ce département la plupart des élus n'ont toujours pas compris que ce n'était pas en versant des RSA à tout bout de champ mais bien en aidant les entreprises que l'on allait relancer l'emploi ».
Je sais que la phrase a interpelé certains, mais c’est tellement vrai qu’à un moment, il faut bien le dire. Notre rôle de syndicaliste ce n’est pas d’être consensuels, c’est de défendre les intérêts de nos entreprises. Robert est un homme de terrain qui ne s’est jamais caché derrière son petit doigt quand il s’agissait de défendre les siens. C’est avec des gens comme lui que nos organisations conservent la confiance des artisans.