Point de vue: L’imagination au pouvoir ?
Il est de coutume de railler ces ex soixante-huitards reconvertis rapidement au capitalisme lorsqu’une bonne place dans un organe de presse, ou dans un hémicycle quelconque s’est proposée à eux. On a pensé que cette disparition entraînait de fait celle de leurs idéaux. Grave erreur !
A bien y regarder on est bien obligé de constater que les idées sont restées là, attendant qu’une nouvelle génération s’en empare. Et c’est désormais chose faite, le tout étant mariné de nouvelles technologies pour donner un semblant de modernité.
Un exemple ? Notre nouvelle passion pour le co voiturage. Au passage les taxis perdent un peu de marché, mais qui peut lutter contre une si belle idée : remplissons les voitures pour faire les mêmes trajets, c’est plus convivial, plus écolo et économique. Ce qui se gère dorénavant par le biais d’algorithmes sur des sites internet s’appelait il y a quelques années le stop et était le sport favori des chevelus rêveurs en transit entre le Larzac et un lointain Katmandou. Les autostoppeurs ont quasiment disparu, mais l’idée était toujours là. Et ce sont de très jeunes entrepreneurs, nourris aux meilleures écoles du capitalisme, qui lui redonnent vie.
Connaître l'avenir en regardant le passé
On pourrait presque connaître les futures grandes trouvailles d’internet en se replongeant dans les slogans de l’époque. Quand « viens chez moi j’habite chez une copine » trouve une nouvelle application au travers de la location d’appartement chez airbnb. Au passage les hôteliers perdent un peu de marché, mais qui peut lutter contre une si belle idée. Finalement, la quasi disparition de l’industrie du disque au nom du libre accès à la culture (toujours une belle idée) n’était que le signe annonciateur de cette redistribution des cartes. Délivrez les livres qu’ils disaient.
Là où les soixante-huitards avaient renoncé à lutter en échange d’un peu de confort, leurs petits-enfants ont en quelque sorte pris leur revanche en détricotant, chaque jour un peu plus, cette économie traditionnelle qui avait anesthésié les rêves de leurs grands-parents.
Et soudain l’inscription jadis sur les murs de la Sorbonne "Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi" prend des allures prophétiques.
Damien Ribeiro,
Secrétaire Général UPA66